BOTANIQUE
Genre : Aleurites
Espèce : moluccana
Auteur : (L) Willd.
Synonymes : Aleurites triloba J.R. & G. Forster - Aleurites integrifolia Vieill. mss
Famille : Euphorbiaceae
Statut : originaire de la région de l'lndo-Malésie, cette espèce a été dispersée sous lesTropiques, puis dans le Pacifique, peut-être par les premiers Océaniens.
En Calédonie, c'est un arbre typique des recrus et des châblis où sa pousse rapide lui permet d'occuper les lieux avant repousse des autres habitants de la forêt. On emarque bien les bosquets de bancoulier à la couleur de leurs frondaisons qui forment de grandes taches vert clair, tirant sur le blanc lors des floraisons massives. A voir sur la route de Thio, un peu avant Nakaré, de l'autre côté de la rivière.
Description et photos : Voir Endemia http://www.endemia.nc/flore/fiche1952.html
NOMS COMMUNS DANS LE PACIFIQUE
Français (Nouvelle-Calédonie, Vanuatu) : bancoulier (aussi bankoulier), noyer de Bancoul ; les termes arbre à chandelles, noix-chandelle ont été cités, probablement en référence à l'anglais candlenut. Le fruit est la noix de bancoul et une chenille bien connue en Calédonie est le ver de bancoul.
Anglais (Vanuatu, Fidji) : candlenut tree
Anglais (Australie) (http://keyserver.lucidcentral.org/weeds/data/03030800-0b07-490a-8d04-0605030c0f01/media/Html/Aleurites_moluccana.htm).
NOMS VERNACULAIRES
Nouvelle-Calédonie
Nord : nyêlâyu (Balade): gam, nêlêmwa : jam, nixumwak : jam, caac & cawac : jem (qui est aussi le nom du ricin), yuanga-zuanga (Bondé) : jöm ; jöm mwhi (jöm = maison), jawe : jem, nemi (côte est et ouest) : jem, fwâi : jem, pije (Tiendanite) : jem, Pije (Ouen Kout) : hilim
Centre: cèmuhî : ihîm, paicî : ten, tej, tâi, têî ; ne-tai : forêt de bancouliers, ajië : maïdou, hmaidu, xârâcùù : kürü, xârâgùrè : koxu, kürü
Sud : nââ drubéa : (PaIta) : û, nââ numèè : wêê (Ile Ouen) : gum, wagum (espèce assez rare), nââ numèè : kwênyii (Ile des Pins) : vètrë (peut-être introduite de la Grande Terre ?)
Loyauté : nengone : gumu, drehu : gum, gumi ne wetr, iaai : iogum, ogum
Langue polynésienne de NC : faga uvea : ogum
Vanuatu : Bichlamar : candlenut tri
Fidji : Fidjien: lauthe, lauthi, toto, sikethi
Hawaï : kukui
USAGES
La noix était grillée pour obtenir une peinture corporelle, noire, un peu huileuse, appliquée sur le corps par les danseurs et les guerriers, ou en application sur les cheveux.
Les noix sèches enfilées sur une mèche de coco étaient utilisées comme chandelles.
Le ver de bancoul est la larve d'un arthropode, Agrianome fairmairei Montr., qui est hébergé sous cette forme larvaire par le bancoulier en train de pourrir. Le ver est apprécié par les gens (Voir les Nouvelles Calédoniennes lors des kermesses, comme à Farino, p.ex.) ou par les oiseaux tek le corbeau calédonien qui tente le ver avec une brindille adaptée et le tire de son trou (Voir photos in : St Clair & al, 2015, https://research-repository.st-andrews.ac.uk/bitstream/10023/7739/1/ncomms8197.pdf.)
Arrivé à maturité, l'insecte enfermé s'évade du bois en le grignotant sous l'écorce celle-ci finit par tomber, comme enlevée à l'emporte-pièce. L'opercule a la forme d'un noyau de mangue et parsème le sol alentour. La cicatrice est très caractéristique, marquée d'un bourrelet de bois autour de l'orifice de sortie. A ce stade de la vie du bancoulier, les champignons prennent le relais et l'on peut trouver plusieurs espèces, mal identifiées. On trouve un sorte voisine des coprins, poussant en touffes, peut-être le bwaaketé ("tête de poulpe") de la langue xârâcùù, qui présente la même forme typique en touffes. Un autre champignon de bancoulier connu dans cette langue est le bwaxora. En français, on cite en Calédonie le blanc de blanc, qui serait un pleurote entièrement blanc tant qu'il est jeune ; c'est un excellent comestible, à réservée à ceux qui le reconnaissent sans risque d'erreur. L'étude de la "fonge" ou "flore fongique" si l'on peut dire, du bancoulier serait très intéressante.
Les fruits donnent une huile siccative, c'est à dire qui sèche assez vite, elle semble avoir été peu utilisée en peinture, se soulevant "en cloche". Le bois est blanc, de qualité médiocre. La graine et son produit de calcination entrent dans divers soins de toilette ou cosmétiques traditionnels (teinture dès cheveux, parfois en cas de deuil comme dans la région cèmuhî, où cette teinture noire s'appelle pè-tim).
Dans le nord, les enfants font des toupies kalua avec le fruit, aussi avec le fruit d'autres espèces.
MÉDECINE TRADITIONNELLE
Nouvelle-Calédonie: L'ingestion de la décoction ou macération d'écorce (avec d'autres plantes) est préconisée pour purifier le sang ou soigner les paralysies. Une fois mâchés les bourgeons foliaires sont projetés sur une blessure à faire cicatriser. Utilisé en mixture avec des Erythrina spp., comme diurétique, contre la syphilis et le diabète. L'écorce est l'une des espèces administrées pour provoquer un effet purgatif. La graine est parfois consommée grillée, ce qui peut mener à des risques de toxicité. Le botaniste Labillardière en a consommé à Balade en mai 1793 et les a trouvées très agréables. Cependant Montrouzier relève l'existence de trois variétés, deux étant purgatives et la troisième comestible sans danger. Peut-être est-ce l'équivalent de la variété jöm mwhi le "bancoulier -maison" de Bondé, il faudrait donc se renseigner à Bélep.
PHARMACOCHIMIE
Divers extraits de feuilles ont présenté des effets analgésiques chez la souris (Meyre-Silva & al. 1998, 1999).
Un extrait méthanolique de feuilles s'est montré actif sur les taux élevés de cholestérol et de lipides induits chez le rat (Pedrosa & al. 2002).
Un effet antiinflammatoire est observé par administration d'extrait méthanolique de feuilles dans un modèle d'étude sur le rat (Niazi & al. 2010).
D'autres études scientifiques sur la composition chimique de cette espèce et sur l'activité biologique de divers extraits sont résumés ou consultables en ligne sur le Net. Ainsi l'huile de noix de bancoul, appelé kukui aux îles Hawaï, autrefois utilisée pour protéger les pirogues, a été évaluée contre une espèce de termite avec succès : une imprégnation sous vide à 27% en poids suffirait à éviter les attaques, non par un effet de toxicité mais par activité anti-appétante (Nakayama & al. 2010).