BOTANIQUE
Genre : Cerbera
Espèce : manghas
Auteur : L.
Famille : Apocynaceae
Synonymes : selon The Plant List, ci-dessous.
Cela signifie que de l'Australie à Samoa, il n'y aurait que Cerbera manghas et que par conséquent la var. manghas devient superflue..
Cerbera manghas var. acutisperma Boiteau
Cerbera manghas f. luteola Boiteau
Cerbera manghas var. manghas Boiteau
Cerbera manghas var. mugfordii (F.M.Bailey) Domin
Cerbera manghas var. samoensis Hochr.
Cerbera odollam auct., non Gaertner [nom employé par erreur à Fidji puis en Calédonie]
Les variétés décrites par Boiteau dans la flore de NC ne sont pas retenues dans The Plant List.
Statut : espèce de l'Océan indien, Seychelles, Comores, région malaise jusqu'au Pacifique (Tuamotu, Pitcairn) (http://www.biodiversitylibrary.org/item/95660#page/99/mode/1up)
NOMS COMMUNS DANS LE PACIFIQUE
Français : faux manguier, faux manguier rose, faux tiaré, arbre à lait, bois de lait, bois de lait rouge, boulé, cerbéra (du latin) et chawa (du xârâcùù) ont aussi servi en français.
A Paita, faux tiaré désigne aussi le frangipanier Plumeria rubra L., mango et tanguin ont pu être rapportés par erreur, mais le premier désigne le manguier, le second un Cerbera de l'Océan indien. Le faux manguier nain serait le vrai Cerbera odollam, de présence controversée.
Anglais : False mango tree (cité par Tryon et Dubois). Il semble que ce soit une traduction de faux manguier vers l'anglais
Anglais (Australie) rubber tree, milkwood, grey milkwood (APNI)
Ailleurs : https://npgsweb.ars-grin.gov/gringlobal/taxonomydetail.aspx?id=102193
NOMS VERNACULAIRES
Nouvelle-Calédonie
La phytonymie en langues mélanésiennes reconnaît deux variétés formant le même type de binôme : en nêlêmwa : choogac mia / choogac poro qui correspondrait à khojomi / khoojac, en jawe : thoogec / thoogec mia, en nengone : co / codridri , en drehu : so / somadra
Il semble hasardeux de rapporter de manière non équivoque ces différences aux variétés botaniques qui ont été créées, mais ne sont pas reconnues (Voir The Plant List). Il vaudrait mieux en parler comme de variétés horticoles, notamment les formes sombres ("rouges, violettes, noires") que l'on peut d'ailleurs trouver en Calédonie, p. ex. dans les nouveaux aménagements urbains.
Le nom boulé, qui aurait été utilisé en français, serait originaire de la Grande-Terre selon Guillaumin, cependant la langue d'où est fait cet emprunt n'a pas été identifiée.
NORD : nyelâyu (Balade, Bélep) : choogac, choogat, choogac mia, choogac poro (aussi orthographié tiongat par Montrouzier)
nêlêmwa & : khojomi, khoojac
caac cawac : cexaaën
yuanga-zuanga : koojog, koojög
jawe & nemi (Est & Ouest) & fwâi & pije : thaagac, thoogec, thaagac, thoogec, soogec
pije (Ouen Kout) : bue-hanic
dialectes Koné (bwatoo) : faaghé, thaage
CENTRE : cèmuhî : : mutyeni pwandyo (désigne aussi Codiaeum variegatum (L.) Blume, le croton)
paicî : arou, aru, aru mi
ajië (Houaïlou) : rhö, rhon, ron, rhôô
xârâcùù & xârâgùrè : châwâ, samwê
SUD : nââ drubéa : tù (entre dans un traitement médical, tandis que tùu est un diable, un esprit, un sorcier (Shintani & Paita 1990 : 51, 148, 176)
nââ numèè, xêrê (Yaté) : tu (u à peine marqué) (Rivierre 1973 : 65, 68). tho = faux manguier rouge (Betoe Michel cf D. Bourret)).
wêê (Ile Ouen) : tø [= tö ?] (Dubois 1978), kwênyii (Ile des Pins) : chawa (Guillaumin 1911) NB : = nom en xârâcùù, tthöö, tthüü (Dubois 1978)., tu, tø [= tö ?] (Rivierre 1973 : 106), te (Hollyman 1993 : 49)
LOYAUTÉ : nengone : co, coo, ye-co (ye : en forme fourchue), codridri, co-dridr(i) (= noir, en fait violet), drehu : jiji, so, sho, shomadra, so madra (= so-rouge), iaai : , dho, thö, thââ, ûthââ , fagauvea : léva (rouge & vert), thedra, hnedra
Fidji : Fidjien, vasa, vasavasa, ...(http://www.biodiversitylibrary.org/item/95660#page/100/mode/1up)
TOXICITÉ ET MÉDECINE TRADITIONNELLE
Nouvelle-Calédonie:
La plante est utilisée pour la pêche ichtyotoxique, en rivière (Canala) ou dans les trous d'eau à marée basse (Tiabet). Le latex,des feuilles permet de ramollir les poulpes, mais aussi de soigner les piqûres de rascasse ou de raie (Nyelayu). Le suc est toxique pour les yeux et brûle les muqueuses buccales. « Jeanneney est devenu prudent dans ses essais gustatifs après avoir goûté la sève de chawa » (Heckel 1913 : 46).
Le latex peut se révérer mortel en cas d'ingestion.
L'amande aurait servi dans le Pacifique de poison ordalique : Les accusés avaient à boire une préparation potentiellement mortelle. S'ils survivaient à l'épreuve, c'est qu'ils étaient innocents (Boiteau, dans la flore des Apocynacées en 1981). Cette indication ne se retrouve pas en Calédonie, à notre connaissance, en revanche le latex est utilisé comme purge dans la région nêlêmwa, ce qui suppose que l'on en connaisse bien la toxicité (NDA). Montrouzier précise qu'aux îles Belep on considère l'amande du tiongat comme un poison, tandis que le tiongat ua, chongat ua, que l'on pourrait écrire choongat ua (Neisosperma thiollierei) est comestible.
Par ailleurs, le latex servirait à faciliter la pénétration des pigments de tatouage
A Woodlark en PNG, le latex a été utilisé au 19e s. contre la lèpre, d'après Montrouzier. Cela fait surtout penser que les habitants de cette île ont tout essayé, notamment les caustiques connus, quand une nouvelle maladie, la lèpre, est apparue chez eux à la suite des contacts avec les beachcombres et les santaliers.
TOXICITÉ PAR LE CRABE DE COCOTIER
La tradition orale des îles Loyauté fait le lien entre la toxicité du crabe de cocotier Birgus latro et la consommation de fruit de Cerbera manghas.
Compte tenu de cas d'empoisonnement humains par l'ingestion de fruits de diverses espèces du genre Cerbera, l'intoxication alimentaire consécutive à la consommation de crabe de cocotier est due à des cardénolides de Cerbera manghas, transmis par le crabe de cocotier. Ces suppositions ont été vérifiées. (Recherches en cours).