BOTANIQUE
Genre : Pandanus
Espèce : tectorius var. tectorius
Auteur : Parkinson
Famille : Pandanaceae
Variétés, nombreuses, de taxonomie encore hésitante. On considèrera donc P. tectorius comme une espèce variable bien ou comme un groupe réunissant tous les taxons infraspécifiques, la variété tectorius étant alors la plus proche de l'espèce telle qu'elle fut décrite : http://www.theplantlist.org/tpl1.1/search?q=Pandanus+tectorius
Statut : espèce variable, présente des Philippines jusqu'en Polynésie.
Description et photos :
http://www.endemia.nc/flore/fiche1531.html
http://www.stumpman.com.au/wp-content/uploads/2014/06/P.tectorius-pandanus.pdf
NOMS COMMUNS DANS LE PACIFIQUE
Français (Nouvelle-Calédonie) :pandanus, pandanus de mer, pandanus du bord de mer (par opposition à pandanus de creek ou de forêt), rarement : pandanus textile, vacoa, vaquois, vacouet (nom des Mascareignes), désuet : pan (utilisé en français en 1886, mot provenant du nord de la NC)
Anglais : screwpine, pandanus
Autres : http://www.plantnames.unimelb.edu.au/Sorting/Pandanus.html#tectorius
NOMS VERNACULAIRES
Nouvelle-Calédonie :
NORD
nyelâyu : (Balade) : madevan (cultivé), mââda, paan, pan (générique pour tous les Pandanus spp.), nixumwak : pan, mada, hmada (aussi la jupe en fibres de bourao, ou de pandanus)
A noter que dans la région nyelâyu, mada est nom du jupon ou du manou, tandis que maada désigne un Ficus, F. fraseri Miq. (Syn. F. proteus Bur.)
caac : that (pandanus sans fruits) ; par opposition à thar, générique pour Pandanus spp.
caac cawac : mada (Pandanus fertile, de bord de mer, donc non cultivé
jawe, nemi (Est & Ouest), fwâi, pije : that (cultivé).
jawe : mada : pandanus de creek (Pandanus sp.) par opposition à that P. cultivé. et à wan (Pandanus sp. du bord de mer)
nemi : tresser les feuilles de pandanus se traduit par un verbe spécifique, bareo, ce qui manifeste l'importance de cet artisanat traditionnel : po-bareo : faire des nattes, pa-bareo : tresser les fibres (id au précédent ?), wee-bareo : lisser les feuilles de pandanus. that désigne aussi l'ananas
dialectes Koné (bwatoo) : trat (cultivé)
CENTRE
cèmuhî : tat
ajië : rhé (cultivé), ka-'rhé
xârâcùù : xu (cultivé)
SUD
nââ drubéa : péevii
nââ numèè
xêrê (Yaté) : poo
wêê (Ile Ouen) : poo
kwênyii (Ile des Pins) : wuu (variété stérile cultivée pour sa feuille nöö-wuu) devient -uu dans un mot composé ou pour désigner les nattes uu
Loyauté
nengone : bawedr, wedr
drehu : iwedr, wedr, wadratha
iaai : wat, iwat (cultivé)
fagauvea : fala (désigne l'espèce sauvage et sa variété cultivée, mais plus particulièrement la seconde, celle qui est utilisée couramment)
Autres langues du Pacifique :
http://www.stumpman.com.au/wp-content/uploads/2014/06/P.tectorius-pandanus.pdf
USAGES
En Nouvelle-Calédonie :
L'intérêt principal du pandanus domestique dont certaines variétés sont plus ou moins inermes, sans piquants, est dans les fibres des feuilles ou des racines aériennes, souples et de grande qualité, qui une fois préparées, conviennent à toutes sortes d'usage artisanal. Les qualités et caractéristiques de cette espèce se retrouvent dans des proverbes ou de symboles ; ainsi à Lifou, wedresi, lieu couvert de wedr, est aussi en temps de guerre un endroit difficile d'accès en raison des feuilles piquantes du wedr. Xejiwedr, racine de pandanus que l'on peut mâchonner, signifie aussi calomnier (Lenormand 1998).
A Maré, une ceinture de danse était faite en fibres de pandanus, le buru porté par les danseurs et danseuses pour souligner leurs mouvement ; ce buru était aussi une marque conventionnelle de complots, d'alliances de guerre, menant au sens figuré d'insinuations ou paroles perfides (Dubois 1980). Selon une autre source le buru est une perruque faite de fibres des racines aériennes ; il est échangé pour fomenter des alliances guerrières. Celui qui accepte le buru entre dans le complot (Tryon & Dubois 1969).
Les feuilles fournissent le matériel pour confectionner les cordes tressées, les nattes, les paniers et le faîtage des cases.
Les feuilles ou les fibres de racines cuites sont utilisées pour natter les voiles des pirogues Les racines écrasées fournissent d'excellentes fibres avec lesquelles on fabrique les propulseurs de sagaie ainsi que le toupet de danse "buru" (Nengone) et la ceinture des jeunes accouchées pour leur servir de corset.
Les fibres tressées de racines aériennes servaient à la confection du vêtement de cérémonie des femmes. Ce vêtement consistait en une ceinture à franges, qui faisait plusieurs fois le tour du bassin et couvrait assez bien.
Les hommes portaient également un chapeau dé cérémonie, tressé en natte de feuilles dë pandanus, sans fond; en forme de cylindre, avec une crinière évasée effilochée.
Dans la région nyelâyu de Balade, les racines aériennes forment un pinceau pour badigeonner de chaux les murs des cases.
Au Vanuatu : pp. 205-207 dans : Walter & Sam, 1999.
http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers11-05/010016956.pdf
En Polynésie :
Les graines de Pandanus tectorius sont parfois consommées dans les îles polynésiennes, surtout les îles basses, comme les Tuamotu. Aux Iles Kiribati, mais aussi aux îles Marshall, il existe de nombreux cultivars comestibles. Seule la base charnue du fruit est comestible (Massal & Barrau 1956 : 44) (Walter & Sam, 1999)
A Hawaï, usages médicinaux et autres : http://data.bishopmuseum.org/ethnobotanydb/ethnobotany.php?b=d&ID=hala
BIOACTIVITÉ
Dans la variété laevis, mise en synonymie avec l'espèce typique dans The Plant List, des chercheurs ont découvert une substance nouvelle, un triterpène de la série du tirucallane, actif dans un modèle d'étude de la tuberculose (Tan & al. 2008).
Une fraction butanolique d'un extrait éthanolique de fruits de Pandanus tectorius s'est révélée active sur le métabolisme des lipides, diminuant plusieurs paramètres biologiques chez le hamster dont la diète était complémentée pendant 4 semaines de cette fraction (Zhangh & al. 2013).
Cette activité s'expliquerait par la présence d'acides caffeoyl-quiniques. On retrouve le même type de composés dans l'artichaut ou le café, p. ex., mais l'activité anti-hyperlipidémique, qui diminuerait le taux de lipides circulant dans le sang serait intéressante en Calédonie et plus largement dans le Pacifique où l'obésité se développe rapidement et fortement.
L'influence de la transition alimentaire dans les îles a motivé l'étude des caroténoïdes et des vitamines des fruits de Pandanus comestibles présents dans les atolls de Micronésie, mais parfois délaissés. Il serait utile pour la santé en Micronésie et peut-être dans d'autres régions du Pacifique, de promouvoir la consommation de ces aliments (Englberger & al, 2008).
Des travaux plus récents ont également montré sur une souche de souris diabétiques l'intérêt bénéfique des fruits de Pandanus tectorius dans une alimentation propre à limiter l'effet du diabète (Wu & al. 2014).
D'autres articles permettent de mieux connaître la composition et concentration de Pandanus tectorius en substances diverses, certaines pouvant présenter un grand intérêt, comme on vient de le voir, notamment dans le domaine diététique.
RÉFÉRENCES
Englberger L, Schierle J, Lorens A & all. 2008.
Carotenoid and vitamin content of Micronesian atoll foods : Pandanus (Pandanus tectorius) and garlic pear (Crataeva speciosa) fruit
J Food composition and Analysis 22, 1 : 1-8.
Tan MA, Takayama H, Aimi N, Kitajima M, Franzblau SG, Nonato MG, 2008.
Antitubercular triterpenes and phytosterols from Pandanus tectorius Soland. var. laevis.
J Nat Med, 62, 2 : 232-235.
Zhang X, Wu C, Wu H, Sheng L, Su Y, Zhang X, et al. (2013)
Anti-Hyperlipidemic Effects and Potential Mechanisms of Action of the Caffeoylquinic Acid-Rich Pandanus tectorius Fruit Extract in Hamsters Fed a High Fat-Diet. PLoS ONE 8, 4 : e61922. Pdf : http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0061922
Wu C, Zhang X, Zhang X a al. 2014.
The caffeoylquinic acid-rich Pandanus tectorius fruit extract increases insulin sensitivity and regulates hepatic glucose and lipid metabolism in diabetic db/db mice. J Nutritional Biochemistry 25, 4 : 412-418.